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Vieillesse

Réflexions

La crise des 25 ans aka la big dépression

Bonjour

Il y a quelques jours, nous étions le 14 juin. J’ai eu 25 ans. Un quart de siècle. Un quart de ma vie est passé à une vitesse éclair sous mes yeux. D’un claquement de doigt. Autant vous dire que oui, j’ai le seum.

J’ai eu le droit à la vieille blague vaseuse, celle que je faisais lorsque j’étais encore jeune et insouciante, « alors, un quart de siècle de passé, bientôt la retraite ! ». Aucune originalité quoi. Mes parents m’offriront bientôt un chapeau parce que je ne suis toujours pas mariée.

Je me rappelle encore de la chanson de Lorie. Limite j’ai envie de pleurer d’angoisse quand je l’écoute, parce que moi mes 20 ans sont bien révolus. Comme je l’évoquais dans l’un de mes articles précédents, la moitié de mes copines a des enfants, un mari et un emprunt immobilier sur les fesses, l’autre moitié n’a pas fini ses études et sniffe de la coke à Cancùn l’été.

Lorsque j’étais plus jeune, la meuf parle déjà comme une vieille, j’imaginais ma vie d’après comme la délivrance, la liberté. Je considérais qu’il était obligé que je sois instantanément accomplie, épanouie. J’imaginais un petit ami génial, un appartement immense dans une grande capitale du monde, un dressing bien garni, des amis avec qui je serais sortie tous les soirs écumer les soirées branchés et qui rigoleraient à chacune de mes blagues, et un job génial (et bien payé évidemment) dans lequel je ne me serais jamais ennuyée. On nage en plein dans l’ego là.

      Cependant, la vérité est tout autre.

À 25 ans, on commence à être conscient du temps qui passe, de plus en plus vite. Par exemple, il y a quelques semaines, je dînais en extérieur avec des amis et des amis d’amis, et j’ai été choquée de voir qu’il y avait des gens de 30 ans et + autour de la table. Des « vieux ». L’angoisse.

À 25 ans, on a en général fini ses études et on se rend compte qu’il faut avant tout travailler afin de payer ses factures, et ensuite, éventuellement, se faire plaisir. On a plein d’idéaux mais on se rend compte que ce n’est pas si facile que ça de les atteindre. J’ai l’impression que c’est à cet âge que l’on perd son insouciance, que l’on se prend la réalité de la vie en pleine face. Il est temps d’investir dans des projets de vie.

Le boulot ? C’est parfois compliqué d’avoir un CDI ET bien payé ET dans sa branche ET qui nous plaise. Au final, il arrive d’accepte un job par dépit, qu’on a peur de quitter parce qu’on doit payer notre loyer, ou alors un job qui nous plait bien mais qui ne correspond pas du tout à ce que l’on aime réellement au fond de nous. L’amour ? On accumule les relations dans lesquelles on veut croire, avant de réaliser que cela ne va pas fonctionner. On dit adieu aux contes de fée, on amasse les déceptions et au final on devient un peu blasés. L’amitié ? On comprend que même les amitiés les plus fortes ne durent pas forcément. Cela fait encore plus mal que les ruptures amoureuses parce que les amis, eux, ne sont pas censés partir. Trahison ! Prendre le temps ? On ne prend pas le temps. Métro, boulot, dodo. Adieu la spontanéité, tout doit être calé dans l’agenda et planifié dans les moindres détails.

En plus, on se met grave la pression à cause des amis qui eux semblent mieux réussir leur vie que nous. Machin est payé 3000 euros net par mois, bidule vient d’acheter avec truc-muche et ils ont déjà des petites têtes blondes. Est-ce-que je vais finir seule, mangée par mes chats lors de ma mort ? C’est le mélange de deux égoïsmes : l’égoïsme de ne pas vouloir d’enfants pour ne pas être privée de sa liberté, et l’égoïsme d’en vouloir pour ne pas finir seule comme une vieille fille.

La société aussi te met une pression dingue, et les ados que je croise m’appellent Madame. Madame. Tar-ba.

Avoir 25 ans, c’est franchement le gros bordel : frustrations, insécurité, angoisses, deuil de sa jeunesse.

À 25 ans, on est censé être un adulte, faire des choix audacieux, investir, construire, se stabiliser. Oui mais si on a pas envie ? Si on y arrive pas ? Si on veut prendre son temps ? Si on veut que l’aventure continue encore et encore ? Si on ne veut pas avoir des rides et des cheveux blancs ? Bonjour le syndrome de Peter Pan. Au final, on ne sait pas trop si on veut un CDI et un gamin, ou s’exiler dans la Forêt Amazonienne pour ouvrir une roulotte à sandwichs. On a peur d’avoir des regrets ou de louper des occasions, du coup on ne prend pas de grandes décisions.

 

Néanmoins, en dépit d’un portrait brossé un peu noir sur les 25 ans, c’est également une belle période. À défaut de savoir ce que l’on veut, on sait ce dont on ne veut plus. Avoir 25 ans, c’est devenir indépendant, ne plus trop dépendre des autres et commencer à comprendre certaines leçons de vie sur le bonheur, l’amour propre et l’autonomie. C’est faire de nouvelles rencontres et tourner une page pour écrire le nouveau chapitre de sa vie. C’est aussi apprendre à sortir de sa zone de confort et réaliser un travail d’introspection afin de savoir qui on est et qui on veut être.

Bien que parfois difficile à gérer, ce genre de crise ne peut être que bénéfique sur une personne, car ce sont de belles opportunités d’évolution.

 


Et vous, avez-vous vécu une crise existentielle ? Comment l’avez-vous gérée ?